Bougie et filet anti-gel pour prévenir les dégâts du gel du mois d’avril
Bougie et autres mesures anti-gel pour prévenir les cultures sous le gel du mois d’avril : ce sont les mesures appliquées par les agricultures deux années de suite. En effet, après deux hivers extra doux, les mois d’avril surprennent les agriculteurs et leurs cultures piégées sous la neige et le verglas.
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Bougie et filet anti-gel sont-ils des mesures suffisantes de protection contre les dégâts du verglas d’avril ?
Deux ans de suite, à savoir 2021 et 2022, on a connu en France des saisons d’hiver particulièrement doux. Puis, au mois d’avril, l’Hexagone a vu ses températures chuter. Le vendredi 1er avril 2022, Météo-France a d’ailleurs placé 22 départements en vigilance orange “neige et verglas”. Dans certaines régions, les thermomètres ont chuté de 25° C du jour au lendemain.
Les agricultures français se trouvent malheureusement dans le même scénario que celui du printemps 2021. Et ils réagissent de la même manière – en installant des filets anti-gel et autres bougies dans le but de prévenir les dégâts du gel autant que faire se peut.
Réussiront-ils à sauver leurs cultures ?
La France est traversée par une vague d’air froid et humide qui est arrivée du pôle Nord. Après s’être détaché du nord de la Norvège, ce front froid a formé de grandes dépressions en hautes altitudes. « Cette masse d’air froide a migré vers la France et a été accélérée par une dépression chargée d’humidité se traduisant par des précipitations pluvieuses et neigeuses sur les deux premiers jours de l’épisode. C’est après le passage des précipitations et la baisse du vent que le gel va commencer à s’installer et à occasionner des dégâts sur les cultures principalement sur la moitié est du territoire », explique l’agroclimatologue Serge Zaka de la société ITK.
Une floraison des bourgeons et feuillaison précoce, voire une fructification risquent d’être fatales pour les cultures suite à la dépression rapide et très humide
« Ce n’est pas la vague de froid qui est exceptionnelle, mais bien l’hiver qui a été anormalement doux, encore cette année. Le phénomène d’alternance entre les vagues de froid et de chaud est typique d’un début de printemps. Ici, la différence avec 2021 c’est que certaines variétés de plantes, encore en bourgeon, ne vont pas être touchées par le gel alors que celles avec un stade phénologique avancé subiront de forte pertes », explique Serge Zaka. « Les prévisions locales de gelées sont d’autant plus difficiles à estimer pour nos modèles à cause de la complexité et de la rapidité de la dépression très humide ».
Qu’est-ce que le gel ?
Le gel désigne une baisse simple de la température égale ou inférieure à 0° C. Même si ce n’est qu’une simple couche de givre, le gel va être dévastateur pour les cultures qui vont brûler en état de bourgeon. L’agriclimatologue explique qu’« il existe deux types de gel : le blanc, qui se forme avec un air humide et un vent faible, visible par la couche de givre qu’il constitue sur les surfaces, et le noir, invisible, qui intervient avec un air sec et des vents plus forts ».
L’un aussi bien que l’autre provoque les mêmes dégâts sur les cultures. La seule différence est que le gel visible peut être évité par des moyens comme la bougie ou le filet anti-gel. Le gel invisible est accompagné par de forts vents qui « emportent la chaleur des protections avec lui ».
Bougie et filet anti-gel vont-ils réellement protéger les cultures cette année ?
« Le pourcentage de perte de production arboricole est encore difficile à estimer ». Les arbres fruitiers, tels que les cerisiers, les abricotiers et d’autres sont déjà au stade phénologique. Ils ne peuvent malheureusement pas ne pas être touchés. Les pommiers, les poiriers et les vignes ne sont heureusmenet pas encore à ce stade.
Certaines cultures ne seront peut-être pas touchées
« Les prévisions seront bien plus précises quand les nuages se seront dégagés et que les vents seront donc plus faciles à modéliser », affirme l’agroclimatologue. Une chance demeure néanmoins pour les parcelles situées autour de la vallée du Rhône et autour du bassin méditerranéen avec le maintien d’un vent puissant, empêchant le gel de s’y installer. Ou, plus paradoxalement, la couverture d’un manteau neigeux sur les arbres qui viendrait préserver les bourgeons du gel, mais cela est moins probable ».
Faire circuler des informations précises relatives à l’état de la situation est crutial dans la lutte anti-gel précoce suite à un hiver doux
« Pour sonder les variétés qui vont être touchées et estimer les pertes associées nous utilisons divers modèles météorologiques comme le ECMWF (European Centre for Medium-Range Weather Forecasts) européen ou le GFS (Global Forecast System) américain auxquels on superpose les données de recensement phénologique participatif comme celui de l’Observatoire des saisons développé par le CNRS et l’INRAE. Je procède également à un recensement auprès des agriculteurs eux-mêmes par le biais des réseaux sociaux. Cette collaboration me permet de récolter un maximum d’information pour établir des cartes les plus précises possible pour donner toutes les informations nécessaires aux agriculteurs pour mieux se préparer. Une bonne coopération est essentielle dans ce milieu pour appréhender ce genre d’évènement ».