Le foulard : Accessoire tendance ou symbole d’un double standard ?
Le foulard est revenu à la mode récemment, du foulard Babouchka qui ornait les célébrités et les défilés de mode récemment, jusqu’au port du foulard plutôt comme un bandeau et accessoire de tous les jours. Qu’il s’agisse d’une tendance street-style ou d’un retour aux années 60 avec les porteurs de foulards hippies, il peut servir de complément parfait à votre look. Il peut également être votre sauveur si vous n’avez pas le temps de laver ou de coiffer vos cheveux.
Le foulard n’est pas une nouvelle tendance, mais il faut néanmoins garder à l’esprit qu’il est un symbole religieux pour les femmes musulmanes et qu’il a fait l’objet d’une polémique dans le discours médiatique français ces derniers temps en raison du double standard perçu. Après la récente interdiction du port du hijab lors d’événements sportifs en France, et d’autres lois sur le port du hijab, certaines femmes musulmanes soulignent combien il est injuste qu’elles ne puissent pas le porter, alors que le foulard porté comme accessoire de mode semble tout à fait autorisé.
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Le foulard Babouchka :
Bref historique :
Le foulard est porté depuis des milliers d’années et par autant de cultures différentes, en tant que symbole de l’état civil ou de l’appartenance religieuse, ou simplement en tant que protection pour les cheveux. En Occident, même s’il a connu des hauts et des bas au cours des 200 dernières années (et dans certaines cultures, il n’a jamais été démodé), le foulard porté “à la babouchka” – noué sous le menton ou sur les oreilles et derrière le cou – est désormais étroitement associé aux personnes de plus de 70 ans, qu’il s’agisse des grands-mères d’Europe de l’Est qui brassent du bortsch, des personnages des anciens épisodes de Coronation Street ou de la reine d’Angleterre nonagénaire. Un foulard noué sous le menton évoque la tradition avec un grand “T”.
Renaissance du foulard :
Dans la langue russe, une “babouchka” signifie, eh bien, une grand-mère. Mais là n’est pas la question : La babouchka a fait le tour des podiums ces dernières saisons chez Vetements et Gucci. Les rappeurs et les musiciens ont depuis adopté ce look : Le susmentionné Rocky en portait une adorablement cintrée autour du menton lors du gala annuel d’art et de cinéma du LACMA en novembre dernier ainsi qu’en avril dernier, et Frank Ocean s’est téléporté avec une babouchka en janvier dernier sur Instagram. Peu de temps après, en février, Kendall Jenner a adopté ce look pour une balade à Milan, en nouant un foulard en soie sous son menton à la manière plus élégante de Grace Kelly. Puis, à New York, le mois dernier, Chloë Sevigny a porté une écharpe plus grande que nature, qui n’est pas sans rappeler mon arrière-grand-mère slave (même si la sienne ne portait pas le manteau à carreaux Simone Rocha, bien sûr).
Polémique sur le port du foulard : Un simple accessoire ou symbole religieux?
Le post de Vogue France :
Vogue France a été critiqué après avoir publié un post sur les médias sociaux que de nombreux utilisateurs ont qualifié d’offensant pour les femmes musulmanes, dans un contexte de culture d’islamophobie de plus en plus publique en France. Partageant une photo sur Instagram vendredi de l’actrice et mannequin Julia Fox portant un morceau de tissu enroulé autour de sa tête, le média l’a accompagnée de la légende “oui au foulard.” La légende a depuis été modifiée pour retirer cette ligne, mais Vogue France n’a pas reconnu ce changement. La photo a été publiée dans le cadre d’un montage montrant Mme Fox et son petit ami, le rappeur Kanye West, lors de la semaine de la mode haute couture à Paris. Deux des photos montraient West portant un foulard à travers lequel seuls ses yeux étaient visibles. Certaines femmes musulmanes déclarent que le hijab avait été “réduit à un simple accessoire”, Fox, qui est blanche et non musulmane, pouvant porter un foulard dans le cadre d’une “tendance”, alors que le hijab, selon eux, est considéré par le gouvernement français comme “l’uniforme des terroristes”.
Législation récente au sujet du port du hijab en France :
En 2011, la France est devenue le premier pays d’Europe à interdire tout vêtement couvrant le visage dans les espaces publics, y compris les cagoules, les masques, les burqas et les niqabs. Plusieurs autres pays, dont l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark, ont suivi avec leurs propres interdictions, des interdictions partielles et des interdictions locales des vêtements couvrant le visage. Très récemment, le Sénat français a également voté en faveur de l’interdiction des hijabs pour les athlètes féminines, bien que la mesure doive maintenant être votée à la chambre basse de la France. L’année dernière, une proposition visant à interdire aux moins de 18 ans de porter le hijab en public a été rejetée par les membres de l’Assemblée nationale.