Cette semaine, les Espagnols feront l’objet d’un projet de surveillance inédit
Au cours de cette semaine, des millions d’Espagnols feront l’objet d’une expérience inédite : une surveillance de la population à travers les téléphones portables. L’expérience s’inscrit dans le cadre d’un sondage qui suscite de vives réactions.
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Surveillance de la population à travers les téléphones portables – une expérience unique et controversée
L’Institut national espagnol de la statistique, INE, insiste sur le fait que le projet de huit jours est anonyme. Selon l’information officielle, il vise à donner une meilleure idée des habitudes des Espagnols. Il porte notamment sur les déplacements de la population pendant la journée et en soirée. Les trois plus grands fournisseurs de téléphonie mobile du pays participent au projet. Les trois sociétés – Movistar, Vodafone et Orange – couvrent 78,7% des utilisateurs de téléphones mobiles en Espagne et recevront un total de 500 000 euros pour leur participation à l’enquête. D’ailleurs, ils affirment que la transmission des données de surveillance ne viole aucune loi.
Pourquoi surveiller la population ?
L’Institut de statistique souhaite suivre les déplacements des Espagnols au cours de huit jours. Il s’agira d’abord de les suivre sur leurs lieux de travail ou d’études, puis, aussi au cours du week-end. Une partie de l’expérience aura lieu cette semaine, du 18 au 24 novembre. Une autre se tiendra le dimanche 24 novembre, le jour de Noël. Enfin, les auteurs du projet prévoient aussi de suivre les habitudes de la population en été. Pour cela, ils ont prévu d’inclure deux jours de surveillance l’été prochain.
Le pays sera divisé en 3 200 cellules de 5 000 habitants chacune. Les opérateurs calculeront le nombre de téléphones dans chaque cellule plusieurs fois par jour. Ils examineront la position des téléphones entre minuit et 6 heures du matin pour voir où vivent les gens. Une nouvelle analyse sera effectuée sur le créneau entre 9 heures et 18 heures pour suvreiller les personnes qui se rendent au travail ou qui se déplacent pour d’autres raisons.
Grâce à ces données, l’Institut espère avoir une idée plus précise des habitudes des Espagnols. Les informations collectées seront ainsi utilisées pour améliorer les transports et les services publics.
Un projet qui suscite des controverses
Selon les fournisseurs de téléphonie mobile, il est impossible d’identifier les utilisateurs, car aucune donnée personnelle n’est transmise.
Mais les Espagnols ont exprimé des préoccupations concernant leur droit à vie privée sur les réseaux sociaux. Selon un juriste spécialisé dans les technologies, les opérateurs de téléphonie mobile ne devraient pas utiliser les données de leurs clients à des fins statistiques.
Pour s’opposer à l’expérience, certains ont suggéré que la population du pays éteigne ses téléphones ou qu’elle les laisse en mode avion pendant toute la durée de l’enquête. D’autres ont rappelé que de nombreux clients Orange et Vodafone pouvaient ajuster leurs paramètres. Ils disposent aussi de la possibilité d’envoyer un courrier électronique à leur fournisseur pour empêcher la transmission de leurs données à des tiers. Enfin, ces réactions sont parfois regardées comme trop extrêmes, étant donnée l’absence de toute inquiétude dans la population qui utilise tous les jours diverses applications connues pour surveiller ses habitudes, telles que Google Maps, Facebook et Amazon.